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samedi 19 novembre 2022  1017 Vues

Leçon inaugurale à l’Université Catholique « Omnia Omnibus » à Kinshasa (17 Nov. 2022) : « Etudes universitaires et progrès des sociétés aujourd’hui »

Éminence, Excellences, Distingué Recteur, Membres du conseil administratif et du Conseil académique,

Chers professeurs, Chers étudiants et étudiantes,

Mesdames et Messieurs, à vos titres et qualités respectifs

C’est pour moi une grande joie d’avoir bénéficié de cet honneur de tenir la première leçon inaugurale historique dans cette Université à peine créée, dans l’Archidiocèse de Kinshasa.

Vous comprendrez mon émotion aussi longtemps que le sujet qui m’a été proposé est de grande actualité et va de paire avec la Devise de cette Université « Omnia Omnibus » (Tout à Tous), à savoir : « SCIENTIA, CONSCIENTIA, EXCELLENTIA » que nous pouvons traduire ainsi : « SCIENCE, CONSCIENCE, EXCELLENCE ». Ces trois concepts cachent un sens profond de l’humain. En effet, la science rappelle la formation intellectuelle à recevoir à travers des leçons magistrales des enseignants mais aussi des recherches personnelles des étudiants ; la conscience fait appel à la sensibilité éthique et morale qui réclame la profondeur de l’agir humain et sa capacité de mettre en application l’acquis intellectuel en y mettant son équilibre humain ; l’Excellence nous conduit vers le sens de l’honneur et la capacité de le défendre pour servir de témoin et d’exemple.

Je crois que c’est cela que l’Université catholique Omnia Omnibus attendra de ses sujets (autorités académiques, enseignants, étudiants et personnel administratif) : une tête pleine, un cœur sensible et un sens de l’honneur et de responsabilité pour servir de témoin et d’exemple.

Ceci ne fait que reprendre la décision adoptée à New York le 16 décembre 1966 à l'Assemblée générale des Nations unies qui, à travers l'article 13 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, stipule que : « L'enseignement supérieur doit être rendu accessible à tous en pleine égalité, en fonction des capacités de chacun, par tous les moyens appropriés ». Passons maintenant au sujet qui nous occupe en ce jour solennel : « Etudes universitaires et progrès des sociétés aujourd’hui ».

Un titre très ambitieux, proposé par les autorités académiques mais également très réfléchi, qui nous met devant un grand défi : la production universitaire et sa capacité d’être utile à nos societés actuelles. Deux moments vont constituer l’ossature de notre présentation: le premier est celui qui va nous occuper à faire un rappel historique autour de l’origine de l’université, de ses objectifs lointains et proches depuis sa création à nos jours, sans oublier sa forme actuelle d’enseignement; le deuxième moment est celui au cours duquel nous chercherons à présenter les enjeux des rapports complexes entre l’université, le savoir et le développement socioéconomique, enjeux pour lequels l’on pense que l’enseignement supérieur et universitaire soit au sommet des stratégies du développement dans les pays émergents comme la plupat des pays d’Afrique, d’Amérique latine et de l’Asie du moins pour une partie de ces derniers.

Une telle problématique d’enjeux nous invite aujourd’hui à focaliser notre attention sur l’université comme étant un système de production du point de vue économique, et parfois un système de reproduction du point de vue sociologique, en vue de contribuer au processus de progrès social et du développement des sociétés. 

1. De l’histoire de la naissance de l’Université. 

Des sources nous renseignent que c’est Théodose II et son entourage familial (notamment son épouse Eudocie, fille du sophiste Eudoxe) qui sont à l'origine de la création de la première université, l'université de Constantinople en 425. Mais dans sa forme actuelle même si de façon progressive, l’Université serait née à la deuxième moitié du XIIè siècle et serait l’invention des scolastiques.

Entre le XIè siècle et le XII è siècle, en Occident et spécialement dans certaines villes italiennes, se sont constituées des groupements d’écoles qui seront en fait les précurseurs des Universités modernes. Nous pensons par exemple à l'enseignement supérieur ou studium generale qui offrait la maîtrise de l'expression et de la rédaction en latin médiéval, les connaissances fondamentales de la médecine et de la pharmacie, les bases du droit civil et de la logique. 

C’est seulement plutard au cours du XIIIè siècle qu’on signale la présence des véritables enseignements du droit canon (droit religieux), de théologie, des mathématiques et de la philosophie. Au même moment, des maîtres grammairiens, de logique et de rhétorique s'intéressent à la compilation, à l'étude et à la transmission des connaissances juridiques de l'époque, fondant les embryons de l’Université de Bologne (Italie) connue sous le nom d’Alma mater studiorum. Aujourd’hui les conventions qui régissent la plupart des universités occidentales se règlent sur la «déclaration de Bologne ».

Peu avant 1246 surgit l’Université de Paris et pas plutard que celle-ci, est née l’Université d’Angleterre à Oxford vers 1166. Bref, la naissance de l’Université avec statut juridique précis remonte au XIIIè siècle en Occident, avec des disciplines d’enseignement organisées autour de « quatre facultés », à savoir les arts, la médecine, le droit et la théologie. L'enseignement reposait sur des textes de référence, tandis que la pédagogie consistait en la lectio (lecture) et la disputatio (« dispute », sorte de débat contradictoire reposant essentiellement sur le syllogisme). Les universités se dotent rapidement de bibliothèques pour pallier à la rareté des exemplaires disponibles pour les lectures.

C’est au début du XVIè siècle que naissent les Universités en Afrique du Nord et en Amerique latine. Petit à petit à partir du XVIIIè siècle, augmentent les matières enseignées dont les mathématiques et les langues mortes (latin-grec), tandis que la physique n’est étudiée que dans certaines écoles des sciences.

Déjà à cette époque, on regrette le manque d'assiduité des étudiants autant que des professeurs, on suspecte la qualité et la valeur des diplômes délivrés, on constate la fraude et la complaisance. C'est seulemnt au XXe siècle que le modèle de l'enseignement supérieur au sein des universités se généralise partout dans le monde (en Asie, en Afrique), au point qu’ à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le développement universitaire est perçu comme l'un des principaux critères du rayonnement politique, économique et culturel des pays civilisés. À l'aube du XXIe siècle, l’enseignement universitaire est considéré par les économistes comme un indicateur de référence pour la stabilité économique d'un pays, car l’on note que les Etats dévelopés poussent les universités à être utiles au développement économique et à l’employabilité des étudiants. Une étude de 2004, intitulée Éducation et croissance économique, de Philippe Aghion et Élie Cohen, affirme que selon que le pays est loin ou proche de la « frontière technologique », les exigences en matière de système éducatif varient. Dans le premier cas (quand le pays est loin de la frontière technologique), le pays est en phase de rattrapage et ce qui compte alors c’est d'abord l’enseignement secondaire ; tandis que dans le deuxième cas, le pays n'est plus dans l'imitation mais dans la création, dans l'invention des produits et des services de demain. D'où l'intérêt pour les pays d'avoir des universités de rang mondial davantage orientées vers la recherche et la créativité, mais aussi des universités plus réactives et plus proches des acteurs économiques. 

Depuis le début des années 2000, l'organisation des universités et le financement préférentiel des projets de développement instrumentaux conduisent à un changement du modèle universitaire tourné plus vers les entreprises et la production de techniques que vers l'ensemble des connaissances purement théoriques sans débouchés. Aujourd’hui, nous pouvons définir l’Université comme une institution d'enseignement supérieur, d'étude et de recherche, constituée par la réunion de divers établissements nommés suivant les traditions « facultés », « instituts », « départements », « centres », « sections », « unités » ou écoles spécifiques, munies d’une bibliothèque et d’un laboratoire, d’une médiathèque et parfois d’un musée, formant un ensemble administratif cohérent avec un statut de droit défini public ou/et privé.

Sous cette égide légale et administrative sont ainsi rassemblées ou monopolisées la production, c’est-à-dire la recherche scientifique, la conservation, c’est-à-dire les publications et les bibliothèques, et enfin la transmission, c’est-à-dire les enseignements de différents champs des disciplines et des connaissances selectionnées. En ce qui concerne la méthode d’enseignement universitaire et son organisation, l’on place le centre de l’enseignement sur l’autoformation de l’étudiant, considérant l’apport des profeseurs, de la bibliothèque, des colloques et des seminaires comme un appui à l’autoformation de l’étudiant.

Voilà pourquoi depuis un moment, plusieurs universités ont adopté le système de LMD qui n’est rien d’autre qu’un système qui vise l’autoformation en mettant l’étudiant au centre de sa propre formation, l’aidant à faire des recherches approfondies qui débouchent sur des projets des sociétés.

Dans la pratique, ceux qui ont fait les universités pontificales italiennes et les universités d’Etat italiennes, et d’autres universités des 29 pays européens, signataires de la « déclaration de Bologne » en juin 1999, sont dans ce système, déclaration autour de laquelle on a fixé six objectifs, à savoir : structuration de l’université en deux cycles dont le premier de trois ans doit permettre « l’employabilité » ; renforcement de la mobilité ; mise en place d’un système de crédits transférables ; lisibilité et comparabilité des diplômes ; évaluation de la qualité et promotion de la dimension européenne de l’enseignement.

Cet accord a eu un rapport de suivi en mai 2001 à Prague, passant de 29 pays signataires à 32 pays, avec une pléthore des réformes, et après, il y a eu la rencontre de Berlin en 2003. 

2. Des enjeux des rapports complexes entre l’université, le savoir et le développement socioéconomique et le rôle de l’université dans le processus de progrès social et du développement socioéconomique.

Christian Blanc nous dit que l’économie repose sur l’échange de deux types de savoir : d’une part le savoir formalisé, codifié, écrit, c'est-à-dire l’information et d’autre part le savoir tacite, qui permet d’utiliser l’information, d’en juger la qualité de l’appliquer à un problème concret ou à une connaissance.

C’est en fait cette connaissance qui est nécessaire à la création. Ainsi, les universités jouent un rôle clé dans la connaissance, car c’est sur elles que reposent en très grande partie les capacités d’innovation, et pour cela, il faut que les universités aient elles-mêmes une autonomie forte qui les rendent capables d’« assumer des responsabilités importantes ». Voilà pourquoi, aujourd’hui, dans les pays développés comme dans d’autres pays, comme l’Inde, les relations entre les universités, les centres de recherche et développement, et les entreprises tendent à s’organiser dans des bassins d'emploi territoriaux, dans le cadre de pôles de compétence et de projets d'intelligence économique territoriale.

Les universités, et plus globalement l’ensemble des établissements d'enseignement supérieur, sont de nos jours considérées par les économistes comme pouvant être des vecteurs de croissance économique (théorie de la croissance endogène). A la question de savoir en quoi l’enseignement universitaire peut-elle être protagoniste du progrès socio-économique, nous avons plusieurs études, dont celle du Dr. BESSAI Rachid de l’Université A. Mira de Bejaia en Algérie, qui se sont centrées sur les enjeux des rapports entre l’université, le savoir et le développement.

Il est clair que la croissance économique et le processus de développement traversent l’institution universitaire afin de comprendre la dynamique de fonctionnement du système d’enseignement supérieur et mieux cerner les enjeux qu’il pose aux universités. Certes que l’enseignement supérieur voit apparaître de nouveaux acteurs qui l’obligent à modifier sa propre trajectoire et de l’orienter vers de nouveaux systèmes pour contribuer au développement de la société. Dans certains pays s’effectuent des nombreuses analyses visant à évaluer la réalité du système universitaire et ses rapports avec le développement socio-économique.

Quelques questions méritent d’être posées comme préalables: Peut-on attribuer à l’université la fonction de construction sociale? Et quel est le rôle de l’enseignement supérieur dans le développement socio-économique de nos pays ?:

L’université, lieu de production et de reproduction D’aucuns considèrent l’université comme un système de production. Si cela se vérifie, alors l’université doit fonctionner selon un principe économique qui se base sur la production. Ainsi rappelle la théorie de l’économiste français Jean-Hervé Lorenzi et du mathématicien français Jean - jacques Payan qui parle d’un rendement maximal avec une dépense minimale d’énergie et une utilisation importante des moyens de production. En effet, l’énergie est représentée par les connaissances que les enseignants transmettent aux étudiants afin d’avoir un bon rendement qui va permettre à l’université d’être efficace et de produire des cadres nécessaires au développement économique d’un pays. 

Toutefois, il est necessaire de souligner que l’université n’est pas seulement formatrice d’hommes, mais elle doit être également productrice d’idées, c’est-à-dire créatrice de situations conceptuelles nouvelles qui contribuent au développement. La recherche n’est donc pas une activité secondaire de l’université, mais bien au contraire, elle constitue l’activité de prise en compte des problèmes, car les objectifs de l’université ne se limitent pas aux préoccupations propres de cette dernière, mais plutôt ils s’ouvrent aux préoccupations de la société entière. Sa production n’a de valeur que dans la mesure où elle est socialement acceptée, car elle a été réalisée dans le souci de répondre aux besoins complexes de la société .

Pour que l’enseignement supérieur réponde à son objectif de formation, il est nécessaire de maintenir l’équilibre entre le potentiel intellectuel global du corps enseignant et celui des étudiants. Or le corps enseignant est composé d’individus sujets à tous les aléas de la destinée humaine, à la dégradation de leurs énergies par vieillissement ou par dégradation de leurs connaissances. Si l’on n’y prend garde rapidement, le système aboutit à un état d’entropie qui le paralyse totalement.

La production donc, pourrait continuer certes, mais ce serait une production sans aucune valeur sociale ou technique, et c’est le cas de plusieurs universités actuellement. Il faut donc, éviter cette dégradation à travers une production renouvelée et constamment renaissante d’objectifs adaptés à une qualité fixe ou variable en fonction des besoins. Toute production qui ne correspond pas à la finalité attendue d’elle ne saurait être considérée comme production, mais comme simple résultat d’une dépense d’énergie.

Elle n’aurait aucune valeur par elle-même . Ainsi, on peut dire, que la reproduction garantit la production, mais dans le système universitaire si le corps enseignant - source de l’énergie formatrice - ne se reproduit pas, il ne saurait produire des cadres valables dont la formation correspond à l’état actuel des besoins nationaux; ces cadres doivent avoir la capacité de se reproduire pour produire. Il est certain que l’enseignant est au centre de la production universitaire, il doit acquérir des connaissances plus larges et plus approfondies afin de répondre aux exigences de la formation dans le secteur de l’enseignement supérieur; tout comme l’étudiant est au centre de sa propre formation par ses recherches personnelles. La formation que reçoit l’enseignant doit donc lui permettre l’extension et l’approfondissement de ses connaissances, mais également l’acquisition d’une capacité autonome de formation continue .

Cette capacité d’autoformation nécessite un renouvellement de connaissances, car les connaissances ont un caractère très dynamique, elles ne sont données et assimilées que si elles ont été acquises de manière active. Cela n’est envisageable que par la voie de la recherche qui permet à l’enseignant d’abord de maîtriser les connaissances acquises, ensuite d’avoir une capacité de production continue. Toutefois, la recherche doit être la base du métier d’enseignant et non une activité qui s’ajoute à ses fonctions. Un autre problème auquel l’université est confrontée aujourd’hui, c’est le problème des chercheurs non distincts des enseignants.

En effet, les chercheurs fonctionnaires sont en même temps engagés comme enseignants, et par conséquent l’aspect de la recherche est mis sous tutelle de l’enseignement. Bien au contraire, on devait avoir des chercheurs enseignants à côté des pures chercheurs des laboratoires affectés tout simplement à la recherche. La présence dans les laboratoires de recherche de post-doctorants qui n’ont pas nécessairement vocation à être ultérieurement recrutés dans la fonction publique come enseignants est un des facteurs clés de la compétitivité de la recherche d’un pays. La production universitarie est soutenue également par cette distinction entre enseignants et chercheurs tout court .

Le but de la production universitarie ne consiste pas seulement à mettre en place une machine qui délivre des diplômes permettant l’accès à différents corps de fonctionnaires dont la tâche serait d’enseigner, mais il faudrait surtout mettre en place un vrai système de formation des enseignants universitaires sans trop se précipiter à combler les besoins de manque d’enseignants universitaires pour l’encadrement des étudiants et pour la reproduction . Donc le grand débat sera un enjeu de perspective et de dynamisation permanente de l’université qui nous apprend que l’on ne doit pas seulement former des enseignants universitaires, mais aussi des chercheurs, car on bâtit l’université à travers une dynamique de recherche. -L’université, lieu de construction d’une société L’autre défi majeur de l’Université aujourd’hui concerne la construction des sociétés. En effet, l’enseignement supérieur est essentiel à la création de la capacité intellectuelle, dont dépendent la production et l’utilisation du savoir; il est aussi essentiel pour la mise en œuvre des pratiques d’apprentissage tout au long de la vie, pratiques nécessaires à l’actualisation des connaissances et des compétences individuelles . 

Le savoir occupe actuellement une place importante et même grandissante dans le processus de construction des sociétés. D’aucuns le qualifie comme étant le moteur principal de la croissance économique et sociale de la société. L’accumulation et l’utilisation du savoir sont devenues des facteurs majeurs dans le processus de développement économique et sont de plus en plus à la base de l’avantage compétitif d’un pays dans l’économie mondiale. Malheureusement, en dépit de l’avènement de ces nouveaux enjeux auxquels l’université doit faire face, la plupart des pays en développement continuent à lutter contre les difficultés découlant des solutions inappropriées aux problèmes que connaissent leurs systèmes d’enseignement.

Parmi les défis non résolus demeurent la nécessité d’étendre le bénéfice de l’enseignement supérieur de manière durable, les problèmes de qualité et de pertinence de l’enseignement et la rigidité des structures administratives et des pratiques de gestion. Pour que l’université contribue efficacement au développement économique et social de n’importe quelle société, nous sommes convaincus qu’elle doit s’investir dans le capital humain d’abord à travers une formation de qualité, parce que finalement, l’enseignement de qualité est devenu un enjeu international. Plusieurs pays orientent leurs politiques de l’enseignement supérieur vers un objectif bien déterminé, à savoir l’amélioration de la croissance économique et la réduction de la pauvreté, surtout dans les pays sous développés .

C’est dans cette optique, que la Banque mondiale a apporté un soutien actif aux efforts de réforme de l’enseignement supérieur dans certains pays en développement. Afin de réussir ce projet de construction des connaissances utile à la nouvelle économie mondiale, il est nécessaire pour l’université de mener des stratégies de croissance fondées sur le savoir afin de former une main-d’œuvre qualifiée et constituée par des scientifiques de haut niveau, de professionnels, de techniciens, de futurs cadres et fonctionnaires de l’administration publique ainsi que de chefs d’entreprises .

Une croissance durable de l’économie ne peut être réalisée sans la contribution d’un système d’enseignement supérieur innovatif basé sur le développement des capacités. L’université dans ce sens, contribue d’une manière efficace au développement de la société à travers un enseignement de qualité qui peut offrir des meilleures opportunités d’emploi aux étudiants. Les normes, les valeurs et les connaissances que les universités transmettent aux étudiants constituent le capital social nécessaire à la construction des sociétés civiles saines et des cultures socialement solidaires.

Les investissements dans l’enseignement supérieur génèrent d’importants avantages qui s’avèrent déterminants pour le développement économique et social fondé sur le savoir. La construction de la société du développement en fin de compte est une responsabilité pour l’université dans la mesure où, elle doit fonctionner selon une logique qui favorise la solidarité nationale en promouvant une cohésion sociale plus forte et une participation. L’économie ne peut se transformer et connaître une croissance durable sans un système d’enseignement supérieur innovatif, permettant d’optimiser l’emploi des ressources d’investissement fournies par les organismes subventionnaires .

Le rôle de l’Université dans le développement économique Du point de vue économique, l’université est devant un monde qui se caractérise par la globalisation, et l’économie reste le facteur ou bien l’indice le plus puissant dans le processus de développement des pays. En général le rôle de l’enseignement supérieur dans le développement est très important dans la mesure où l’université contribue d’une façon efficace au développement, en fournissant aux économies nationales les ressources humaines nécessaires.

Suivant cette logique, certains pays en voie de développement ont adopté une stratégie consistant à concevoir leur système universitaire de façon à aider à réduire l’écart en matière de connaissances et de technologies afin de faire progresser leurs économies. Cela est possible quand l’éducation devient une priorité pour un pays en développement . La Banque mondiale de son coté met l’enseignement supérieur au cœur de ses priorités. Elle prend en outre le soin de démontrer la corrélation entre l’enseignement supérieur, désormais qualifié de vital, et le développement économique des pays émergents.

Il est donc nécessaire que l’enseignement supérieur actuel traite également directement ou indirectement des questions de réduction de la pauvreté; quelle soit donc planifiée . Plusieurs universités se sont engagées à réduire la pauvreté de façon indirecte, s’inscrivant dans le cadre de la stratégie de la banque mondiale, qui a présenté trois arguments clés ce sujet: a) L’université peut contribuer à la croissance économique en fournissant les ressources humaines dont a besoin une économie ayant pour moteur « le savoir », en générant des connaissances; b) L’université est en mesure d’élargir l’accès à l’éducation, de ce fait, d’améliorer les compétences requises pour une économie impulsée par le savoir; c) Enfin, l’université pourrait jouer un rôle de soutien à l’enseignement de base en dotant ces sous-secteurs de personnel qualifié.

Face à ces enjeux, il est nécessaire que les universités du sud repensent leur rôle dans le développement pour ne pas risquer de nouveau une marginalisation du sytème mondial si leurs systèmes universitaires ne participent pas aux activités de production des connaissances qui les rendent utiles et plus réceptives aux besoins de la société. Et ce, en consacrant également une part de plus en plus grande de leur temps pour la recherche. Elles doivent aussi participer aux nouveaux arrangements mis en place par les pays développés en matière de production de connaissances et d’innovation.

En l’absence de coopération visant à associer les universités à cette politique, l’écart entre les nations riches et les nations pauvres risque de ne pas se réduire. Il convient donc, de donner aux pays qui reçoivent l’aide, la responsabilité de la mettre en œuvre selon leurs propres priorités. Les universités du sud, bien qu’elles soient dans une situation critique par manque de moyens, peuvent contribuer à ce changement. Le partenariat entre universités pourrait contribuer au renforcement des compétences en matière de production; il pourra contribuer à l’échange des connaissances entre professeurs et entre étudiants (Erasmus); porrai contribuer au développement de ressources humaines très qualifiées qui pourraient à leur tour contribuer au développement d’un pays. Il faudrait donc que les universités du sud prennent l’initiative de se renforcer pour pouvoir répondre aux besoins d’une nouvelle économie mondiale. -Lien entre Université, entreprise et croissance économique Des travaux plus récents des économistes ont démontré que la croissance économique dépend de ce qu’ils appellent « l’économie de la connaissance », cette croissance exige de plus en plus une intégration rapide des connaissances et de leur application dans le système productif .

Cette intégration appelle une coordination entre les efforts de recherche et le développement privé et public, le développement de la diffusion des connaissances par l’université et une proximité entre l’industrie, l’université et la recherche. A ce point, l’Université qui occupe une place centrale dans la production de connaissances, doit devenir l’acteur pivot de ce triangle, c’est-à-dire, elle doit se rapprocher de l’industrie et entreprendre des travaux de recherche en partenariat avec des entreprises.

Les universités n’étant plus les acteurs uniques de la production de connaissances et des innovations doivent au moins garantir leur principale mission qui est la promotion des recherches. Dans la logique de l’économie de la connaissance, les universités doivent s’ouvrir vers l’extérieure (vers les entreprises), pour trouver des formes originales qui valorisent leurs efforts de recherche et contribuer avec efficacité au développement économique de leur environnement, par exemple avec des stages pratiques; ces entreprises à leur tour doivent investir dans des projets de recherche, en établissant des rapports de coopération avec ces mêmes universités.

Malheureusement, dans les pays moins développés, le partenariat entre l’université et l’entreprise est très faible et souvent la recherche universitaire reste isolée des réalités et préoccupations économiques, et dans ce cas, les étudiants sont découragés d’entreprendre des études doctorales. Pour que l’université soit au cœur de la croissance économique, il est nécessaire de lui donner plus de moyens et une volonté politique de mener des réformes à long terme, bien étudiées et selon les besoins de la société ; besoins qui peuvent être de trois tendances:

a) besoins grandissants de formation professionnelle, un secteur nécessaire pour accompagner la tecnologie afin d’acquérir un savoir professionel tiré de l’expérience;

b) besoins d’ouverture internationale comme priorité de formations supérieures afin de susciter des programmes d’échanges qui permettent aux étudiants d’accéder aux meilleurs enseignements et d’élargir leurs réseaux relationnels à l’échelle mondiale;

c) besoins de développement des partenariats avec les entreprises pour permettre aux universités de bénéficier d’un terrain d’expérience pour leurs chercheurs et de profiter des innovations technologiques. Voilà donc ce qu’il y a des enjeux de la collaboration entre université, entreprises et développement socioéconomique d’un pays. Au-delà de ceci, il ya un élément en plus et indispensabile que nous pouvons souligner en ce moment, partant de l’axiome historique bien connu: « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » dont l’auteur est Autres articles. En effet, dans un des chapitres de son grand œuvre « le Pantagruel », Rabelais écrit : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Cette célèbre phrase est à insérer dans le contexte de la pensée humaniste de l’époque dont la version complète de la sentence peut être retrouvée dans l’édition de 1532 chez Claude Nourry. François Rabelais recourt au Livre de la Sagesse de Salomon (1, 4) et affirme : « Mais parce que selon le sage Salomon, Sapience n’entre point en âme malivole, & science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Il te convient servir, aimer & craindre dieu ».

Donc, pour Rabelais, le service, l’amour et la crainte de Dieu sont la motivation pour une sagesse qui ne veut pas être inutile, mais qui vise la récupération de l’âme de l’homme, c’est-à-dire le centre de toute sa personnalité et de toute sa personne. Ici donc, âme et cœur ne sont plus à distinguer.

Pendant que certains continuent à penser que le cœur est lieu des sentiments et des passions, et donc c’est l’inclination du cœur de l’homme qui entraine une vie inconsciente et perverse, c’est bien au contraire le lieu central de la conscience et du jugement ; le cœur est donc ce lieu de l’équilibre de l’homme qui aide ce dernier à juger positivement les choses à proposer et pour lesquelles s’investir pour le bien de tous. On verra donc comment la sagesse qui peut venir de « l’intelligentsia », de l’intelligence , risque d’être improductive, si elle ne se fait pas accompagner d’un cœur – âme, lieu du jugement et de développement de la conscience de l’homme.

Voilà pourquoi, on trouvera dans une société plusieurs intellectuels, beaucoup de docteurs de recherche, plusieurs professeurs d’universités, etc.. mais qui sont improductifs dans la société pour la simple raison que la science dont ils font montre ne s’accompagne pas d’un jugement du cœur qui éveille la conscience pour un agir correct. C’est alors dans ces mêmes milieux des grands intellectuels, produits de l’Université, qui au lieu d’être utiles à la société, seront plutôt une crasse pour la même société, se présentant comme destructeurs de l’œuvre universitaire. Par exemple, on trouvera dans les milieux des grands intellectuels les foyers de la corruption, de l’immoralité, de l’inconstance. 

Cette science n’est donc pas accompagnée de conscience, et donc devient ruine de l’âme, détruit la société et devient improductive. Aujourd'hui un bon fonctionnement des universités et plus généralement de l'enseignement supérieur bien ancré dans une éthique équilibrée, est considéré comme un atout économique, car depuis la fin du XXe siècle l’université est identifiée comme étant un élément clef de la croissance des États, et sources de développement socioéconomique des nations qui y investissent avec des politiques visonnaires.

J’ai dit et je vous remercie. Présenté à kinshasa, ce 17 Novembre 2022 Prof dr MAMBUENE YABU Abbé ANDRE JACQUES Docteur en missiologie (Université pontificale « Urbanienne »/Rome) et détenteur du Master de second niveau en droit de l’immigration (Université d’Etat de Bergame/Italie)